S’il faut en choisir un, ce serait celui-là

7 Mai 2012

Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus

Un raisonnement absurde

L’absurde et le suicide

Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux: c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.

Commencer à penser, c’est commencer d’être miné.

Vivre, naturellement, n’est jamais facile. On continue à faire les gestes que l’existence commande, pour beaucoup de raisons dont la première est l’habitude. Mourir volontairement suppose qu’on a reconnu, même instinctivement, le caractère dérisoire de cette habitude, l’absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé de cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance.

Ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité.

Le sujet de cet essai est précisément ce rapport entre l’absurde et le suicide, la mesure exacte dans laquelle le suicide est une solution à l’absurde.

C’est un lieu commun de comparer les théories philosophiques et la conduite de ceux qui les professent.

Nous prenons l’habitude de vivre avant d’acquérir celle de penser.

Il est toujours aisé d’être logique. Il est presque impossible d’être logique jusqu’au bout.

Les murs absurdes

Un homme se définit aussi bien par ses comédies que par ses élans sincères.

La méthode définit ici confesse le sentiment que toute vraie connaissance est impossible.

La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience.

[…] s’apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier.

Cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

Comprendre c’est avant tout unifier.

Comprendre le monde pour un homme, c’est le réduire à l’humain, le marquer de son sceau.

Cette science qui devait tout m’apprendre finit dans l’hypothèse, cette lucidité sombre dans la métaphore, cette incertitude se résout en œuvre d’art.

Je comprends que si je puis par la science saisir les phénomènes et les énumérer, je ne puis pour autant appréhender le monde.

Ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme.

Penser, c’est réapprendre à voir, à être attentif, c’est diriger sa conscience […]

L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde.

Le suicide philosophique

Le sentiment de l’absurdité ne naît pas du simple examen d’un fait ou d’une impression mais il jaillit de la comparaison entre un état de fait et une certaine réalité, entre une action et le monde qui la dépasse.

L’absurde n’est pas dans l’homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune.

Et poussant jusqu’à son terme cette logique absurde, je dois reconnaître que cette lutte suppose l’absence totale d’espoir (qui n’a rien à voir avec le désespoir), le refus continuel (qu’on ne doit pas confondre avec le renoncement) et l’insatisfaction consciente (qu’on ne saurait assimiler à l’inquiétude juvénile).

L’absurde n’a de sens que dans la mesure où l’on n’y consent pas.

Un homme devenu conscient de l’absurde lui est lié pour jamais.

Pour m’en tenir aux philosophies existentielles, je vois que toutes sans exception, me proposent l’évasion.

Cet espoir forcé est chez tous l’essence religieuse.

Ainsi l’absurde devint dieu (dans le sens le plus large du mot) et cette impuissance à comprendre, l’être qui illumine tout.

Pour Chestov, la raison est vaine, mais il y a quelque chose au-delà de la raison. Pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n’y a rien au-delà de la raison.

Les lois de la nature peuvent se légitimer sur le plan de la description sans pour cela être vraies sur celui de l’explication.

Dans son échec, dit Kierkegaard, le croyant trouve son triomphe.

Je veux savoir si je peux vivre avec ce que je sais et avec cela seulement.

L’absurde, qui est l’état métaphysique de l’homme conscient, ne mène pas à Dieu.

L’absurde c’est le péché sans Dieu.

Penser, ce n’est pas unifier, rendre familière l’apparence sous le visage d’un grand principe. Penser, c’est réapprendre à voir, diriger sa conscience, faire de chaque image un lieu privilégié.

[…] apparente modestie de la pensée qui se borne à décrire ce qu’elle se refuse à expliquer

L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses limites.

Il faut savoir si l’on peut en vivre ou si la logique commande qu’on en meurt.

La liberté absurde

Je peux tout nier de cette partie de moi qui vit de nostalgies incertaines, sauf ce désir d’unité, cet appétit de résoudre, cette exigence de clarté et de cohésion. Je peux tout réfuter dans ce monde qui m’entoure, me heurte ou me transporte, sauf ce chaos, ce hasard roi et cette divine équivalence qui nait de l’anarchie. Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu’il m’est impossible pour le moment de le connaître.

Insistons encore sur la méthode : il s’agit de s’obstiner. A un certain point de son chemin, l’homme absurde est sollicité. L’histoire ne manque ni de religions, ni de prophètes, même sans dieux. On lui demande de sauter. Tout ce qu’il peut répondre, c’est qu’il ne comprend pas bien, que cela n’est pas évident. Il ne veut faire justement que ce qu’il comprend bien. On lui assure que c’est péché d’orgueil, mais il n’entend pas la notion de péché ; que peut-être l’enfer est au bout, mais il n’a pas assez d’imagination pour se représenter cet étrange avenir ; qu’il perd la vie immortelle, mais cela lui paraît futile. On voudrait lui faire reconnaître sa culpabilité. Lui se sent innocent. À vrai dire, il ne sent que cela, son innocence irréparable. C’est elle qui
lui permet tout. Ainsi ce qu’il exige de lui-même, c’est de vivre seulement avec ce qu’il sait, de s’arranger de ce qui est et ne rien faire intervenir qui ne soit certain. On lui répond que rien ne l’est. Mais ceci du moins est une certitude. C’est avec elle qu’il a affaire : il veut savoir s’il est possible de vivre sans appel.

L’une des seules positions philosophiques cohérentes, c’est ainsi la révolte. Elle est un confrontement perpétuel de l’homme et de sa propre obscurité.

Cette révolte donne son prix à la vie. Étendue sur toute la longueur d’une existence, elle lui restitue sa grandeur.

Je ne puis comprendre ce que peut être une liberté qui me serait donnée par un être supérieur.

La morale d’un homme, son échelle de valeurs n’ont de sens que par la quantité et la variété d’expériences qu’il lui a été donné d’accumuler.

Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion.

L’homme absurde

Assuré de sa liberté à terme, de sa révolte sans avenir et de sa conscience périssable, il poursuit son aventure dans le temps de sa vie.

Il ne s’agit pas d’un cri de délivrance et de joie, mais d’une constatation amère.

L’absurde ne délivre pas, il lie. Il n’autorise pas tous les actes. Tout est permis ne signifie pas que rien n’est défendu. L’absurde rend seulement leur équivalence aux conséquences de ces actes. Il ne recommande pas le crime, ce serait puéril, mais il restitue au remords son inutilité.

Le Don Juanisme

La comédie

La conquête

Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit.

Je ne fais tant de cas de l’individu que parce qu’il m’apparaît dérisoire et humilié. Sachant qu’il n’est pas de causes victorieuses, j’ai du goût pour les causes perdues : elles demandent une âme entière, égale à sa défaite comme à ses victoires passagères.

La créature est ma patrie.

Toutes les Églises sont contre nous.

La création absurde

Philosophie et roman

La joie absurde par excellence, c’est la création. « L’art et rien que l’art, dit Nietzsche, nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité. »

Créer, c’est vivre deux fois.

Pour l’homme absurde, il ne s’agit plus d’expliquer et de résoudre, mais d’éprouver et de décrire.

Créer ou ne pas créer, cela ne change rien. Le créateur absurde ne tient pas à son œuvre.

Le choix qu’ils ont fait d’écrire en images plutôt qu’en raisonnements est révélateur d’une certaine pensée qui leur est commune, persuadée de l’inutilité de tout principe d’explication et convaincue du message enseignant de l’apparence sensible.

Kirilov

La création sans lendemain

On reconnaît sa voie en découvrant les chemins qui s’en éloignent.

Mener de front ces deux tâches, nier d’un côté et exalter de l’autre, c’est la voie qui s’ouvre au créateur absurde. Il doit donner au vide ses couleurs.

De toutes les écoles de la patience et de la lucidité, la création est la plus efficace. Elle est aussi le bouleversant témoignage de la seule dignité de l’homme : la révolte tenace contre sa condition, la persévérance dans un effort tenu pour stérile. Elle demande un effort quotidien, la maîtrise de soi, l’appréciation exacte des limites du vrai, la mesure et la force. Elle constitue une ascèse. Tout cela « pour rien », pour répéter et piétiner. Mais peut-être la grande œuvre d’art a moins d’importance en elle-même que dans l’épreuve qu’elle exige d’un homme et l’occasion qu’elle lui fournit de surmonter ses fantômes et d’approcher d’un peu plus près sa réalité nue.

Le mythe de Sisyphe

Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition: c’est à elle qu’il pense pendant sa descente.

La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.


Extrait du manifeste censuré de Camus

23 mars 2012

ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination.

Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exister à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme.

la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants

il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons

la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie

Former ces cœurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.

Texte intégral publié par Le Monde (plus d’infos ici).


Découvrir ensemble

24 février 2012

The isolated man does not develop any intellectual power. It is necessary for him to be immersed in an environment […] He may then perhaps do a little research of his own and make a very few discoveries […] the search for new techniques must be regarded as carried out by the human community as a whole, rather than by individuals.

Alan Turing, 1948, quoted in Nature v482


Manquée

21 février 2012

 

 


Fenêtre sur nuage

1 janvier 2012

Je regardais distraitement par la fenêtre lorsqu’au loin j’aperçus s’avancer, sous le ciel noir, une gris manteau de brouillard qui n’a pas tardé à recouvrir tout mon horizon. Du haut de mon perchoir, j’eus la surprise de voir les rues, les immeubles, les minuscules voitures et rares passants disparaître les uns après les autres, tandis, qu’en éclaireur, à la frange du manteau, des gouttelettes de pluie battaient l’air, rapidement suivies par le nuage lui-même, plein de flocons à moitié formés. Mon appartement ne fût plus alors qu’un radeau de béton, balloté, giflé de vent, dont les légères ouvertures vitrées ployaient sous l’attaque en piqué des petits soldats blancs, virevoltant gaiement. Mais sitôt ceci écrit, je revis la ville, telle qu’elle m’apparaît chaque jour, le damier parfait des rues s’étalant sous mes yeux, seul le brillant de la chaussée laissait imaginer la violence de cette si brève attaque. Et moi qui venait de faire regonfler mes pneux de vélo pour profiter des rues vides de la nouvelle année… la sortie sera pour un autre jour ! Mais replongeons-nous plutôt dans notre livre, et faisons nôtre le conseil de M. Legrandin:

Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann


Le courage

27 décembre 2011

Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. Le courage, c’est d’accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes. Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Jean Jaurès, discours au lycée d’Albi, 1903

(retrouvé par C. après avoir vu Les Neiges du Kilimandjaro de R. Guédiguian)


Freedom schools

30 juillet 2011

Last year, a great book was published, entitled « Freedom Summer: The savage season that made Mississippi burn and made America a democracy », by Bruce Watson. I discovered in this book what happened in July-August 1964 in this state that was Mississippi at the time. To make it short, volunteers of the Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) traveled in Spring 1964 in many famous US universities. Their aim was to convince white students to come to Mississippi this summer in order to help black people from this state to register on voting lists (ie. to have the exam required at that time), to build libraries, to organize schools, and so on. The summer was hot and tense, long and murderous. But at the end, these people, black and white, young and old, showed that America was ready to fully become a democracy, so many years after its declaration of independence.

I can’t tell more, read the book instead, and believe me when I say that it is one of the books that moved me the most. For instance, one of the chapter introduces the Freedom Schools, and thereby the text written by SNCC volunteers to the people who will enliven these schools:

You will be teaching young people who have have lived in Mississippi all their lives. That means that they have been deprived of decent education, from the first grade through high school. It means that they have been denied free expression and free thought. Most of all—it means that they have been denied the right to question. The purpose of the Freedom Schools is to help them begin to question.

This text, available here, is a cornerstone of knowing why you teach and the way you teach are primordial. It also reminds me of a speech from Barack Obama in 2009, a speech everyone would be inspired to read I guess.


What is science?

8 juillet 2011

Science isn’t about what’s known. Nor is it about what isn’t known. At its most basic level, SCIENCE is nothing more than a process of playing games and making puzzles that may or may not tell us something about the world or ourselves in that world. When thought of in this way, it’s obvious that we all ‘do science‘ hundreds of times a day every day, which is about discovering and exploring through interaction. When interaction is made conscious and combined with reflection, that is ‘science‘.

Beau Lotto (on « Street Science« )


Marcher dans les nuages, puis au-delà

28 juin 2011

A force de l’écouter ce passage, elle en venait à ressentir un étrange et long frisson la parcourir. C’est un peu par surprise qu’elle était retombée dessus, d’ailleurs. Bien sûr, le passage avait déjà éveillé sa curiosité, mais sans la retenir ni l’attirer si loin. Le thème est annoncé dès le début pourtant, mais les explosions de cuivres étaient toujours parvenus à lui faire oublier. Puis les rouleaux des cordes suivent, ponctués de touches boisées s’amplifiant en triomphes cuivrés. Et puis, au détour d’une phrase de conclusion temporaire, les vents nous invitent à leur suite, bientôt accompagnés puis remplacés par une vision de doigts innombrables mais légers, comme autant de petits pas sur le sable, des petits pieds fragiles mais décidés, desquels apparaissent des poignets dont les fines attaches déclenchent à chaque tour des volutes s’élevant de manière bonhomme, avant de s’évanouir dans l’azur, presque aussi vite qu’elles sont apparues.

Aux environs de la cinquantième écoute, elle finit par relier cette vision musicale au souvenir de l’ascension. A l’issue de ces deux jours, alors à moitié assoupie sur les banquettes en noyer du vieux train la ramenant dans la vallée, elle avait pris conscience, quasiment violemment, que c’en était fini de cette marche. Non pas du sommet, parce qu’il y a toujours les photos pour orgueilleusement rappeler aux autres ce que l’on a « fait », mais bien de l’ascension, de cette traversée d’un pied sur l’autre, vers un quelque part que l’on rencontre au détour d’un chemin. C’est d’abord sur le symbole même de la cordée que son esprit embrumé s’était accroché, ses yeux suivant rêveusement les flocons de lumière des encordés s’enfonçant vers le ciel noir. Encordé, oui, elle l’était, mais seule aussi. Insondable paradoxe que celui d’être à la fois si proche de ses partenaires d’aventure, relié physiquement à eux par un cordon quasi maternel, et à la fois si loin, concentré sur le fait de garder ce cordon tendu, un peu mais pas trop, loin des crampons tranchants, et regrettant cette distance qui étouffe les paroles à peine imaginées, forçant les marcheurs à se parler à eux-même, du monde et d’eux-même. Et c’est là, à cet instant, après que la lune se soit couchée, alors que le cône d’ombre projeté par le sommet enfonçait les nuages environnants, que la glaciale blancheur s’est muée en un rose timide, à la fois doux et brillant, et chaque pas la faisait alors entrer dans un monde où les yeux s’agrippent à cette couleur que l’on voudrait caresser, où le souffle s’allonge, s’apaise, et le tumulte cérébral s’évanouit silencieusement, sur la pointe des pieds.

(Il s’agit du du deuxième mouvement de la symphonie n° 5 de Beethoven, et merci à LG pour la photo.)


Qu’est-ce que l’engagement ?

9 juin 2011

L’engagement, cette décision pour une cause imparfaite.

Jorge Semprun

(via l’hommage de Régis Debray)